Lydia Yakonowsky est une artiste canadienne basée à Montréal. Sa pratique englobe l’utilisation de technologies en temps réel et immersives, notamment à travers la création de films fulldome et de performances en temps réel.
Économiste de formation, sa démarche artistique s’inscrit dans un détournement du langage visuel statistique, afin d’interroger la notion d’utilité, principe central de la pensée économique classique. Là où les données, les points, les courbes et les modèles de prévision sont conçus pour illustrer et prédire les comportements des acteurs du marché, elle choisit de leur retirer cette fonction utilitaire pour les transformer en objets artistiques volontairement « inutiles ».
Elle se positionne ainsi comme une « économiste inutile », questionnant non seulement la notion d’utilité elle-même, mais aussi sa propre utilité en tant qu’économiste. Elle transforme les symboles visuels qui servent habituellement à représenter des modèles statistiques ou théoriques – points, graphiques, lignes de tendance – en objets ornementés, frivoles et décoratifs. Elle s’inspire d’ailleurs du courant rococo, apogée de l’objet ornemental inutile, pour habiller et surcharger l’espace graphique. Cette esthétique de la légèreté, de la joie et de la frivolité lui permet d’explorer ce qui est traditionnellement jugé secondaire ou superflu face aux activités considérées comme « utiles » dans un système axé sur la productivité. En poussant le détournement plus loin, elle utilise ces symboles utilitaires – devenus breloques ornementales – dans des compositions qui évoquent des aspects existentiels de l’expérience humaine.
Elle s’intéresse également aux erreurs de prévision des modèles statistiques, qui, à l’ère des algorithmes cherchant à anticiper et influencer nos comportements, nos choix, nos achats et nos désirs, deviennent des signes de liberté : elles rappellent qu’il subsistera toujours un espace qui échappe au calcul.
Ses œuvres immersives ont été présentées à l’international, notamment au SATFest et à Mutek (Montréal), au Istanbul Digital Art Festival 2025, au Kanvas Gallery (Dubai), au Festival Fotonica (Rome), au Future Vision Lab (Taipei), au Lights and Magic Museum (Budapest), à l'International Festival of Science Visualization (Tokyo), au Forum des images (Paris), au Film Gate (Miami) et au Shanghai International Film Festival.
Elle œuvre également comme VJ sous le pseudonyme de Kaminska.